Je l’ai teasé pendant un mois ! Je suis donc très heureuse de poster l‘épisode 1 de la saison 2 de Si j’étais quelqu’un d’autre. J’espère qu’il te plaira !
J’ai également posté le prologue, il y a un certain temps que tu peux toujours retrouver ici. Je t’invite aussi à aller te rafraichir la mémoire en cliquant sur le lien pour le dernier épisode de la saison 1, ici.
Sur ce, je te souhaite une bonne découverte, ainsi qu’une bonne lecture !!
Épisode 1 : Quand tout s’écroule…
Allongée sur mon lit, dans ma chambre, j’attends que le sommeil me vienne. À cette heure-ci, l’hôpital est vraiment silencieux. Si je n’étais pas aussi mal, cela aurait même eu un côté plutôt reposant. Tournée vers la fenêtre dont j’ai fermé les volets coulissants, mes yeux sont grand ouverts. Je ne me souviens même plus de la dernière fois qu’ils ont cligné et je me rends compte qu’ils me piquent et me font mal. Remarque c’est sans doute parce que j’ai énormément pleuré après l’annonce du diagnostic.
Je n’arrive pas à m’endormir parce que le choc est encore trop grand. Je suis seule dans la pièce car aucun autre lit était disponible. Mais bon, actuellement c’est un peu le cadet de mes soucis. Parce que dans le fond, j’ai beau réfléchir, je ne comprends pas vraiment ce que j’ai fait pour mériter ce qui m’arrive.
La sclérose en plaques, sérieusement ? Ça ne pouvait pas être autre chose ? D’accord, je ne suis pas vraiment calée en médecine, après tout chacun son métier, mais une maladie, auto-immune… une maladie neuro-dégénérative… cette merde dont il est impossible de prévoir l’évolution… Dont il est impossible de guérir…
Je fais quoi si elle m’empêche de jouer ? Et si je ne récupère rien de ce que j’ai perdu ? Si je ne peux plus marcher, ou me servir de mes mains ? Et si on veut des enfants avec Ludo… Est-ce seulement possible maintenant ?
Ludo…
Je comprendrais s’il préférait partir. J’en aurais le cœur brisé, mais je ne peux pas lui imposer cette vie. D’ailleurs, j’aurai quelle vie maintenant ?
Je pousse un profond soupir et me retourne tant bien que mal sur le petit lit pour me retrouver en face des portes pour la salle de bain et les toilettes et celle pour accéder au couloir de l’hôpital. À cet instant précis, je donnerais tout pour revenir en arrière, quand tout allait plutôt bien. Quand l’insouciance était encore présente. Mais je sais que c’est impossible.
« J’ai vraiment dû avoir une vie antérieure abominable pour mériter ça… »
Et automatiquement, je me fustige d’avoir pensé cela. Il y a tellement pire que moi ! Je n’ai pas le droit de me laisser aller ! Je dois rester forte, comme je l’ai toujours été ! Certains comptent sur moi !
Mais ce soir, cette nuit, j’ai besoin d’être faible. J’ai besoin de pouvoir compter sur les autres aussi. Je veux pouvoir penser à moi et si c’est égoïste alors tant pis…
Je suis simplement humaine.
En me réveillant, je dois bien avouer que ma petite nuit ne m’a pas aidée avec mes yeux. Maintenant, en plus des picotements qui me les tiraillent, j’ai deux gros pâtés violets en dessous ! J’ai allumé les lumières et j’ai pris la peine de me changer en allant dans la salle de bain grâce à mon fauteuil roulant, avant l’arrivée des infirmières.
Quand j’entends le « toc » à la porte, je pose ma liseuse sur mes jambes et j’invite mes « visiteuses » à entrer. Elles sont deux : les internes de nuit. Chacune compatissante, c’est la brune qui parle :
— Bonjour, Madame Marshall. Comment allez-vous ce matin ?
— Bonjour. C’est pas top…
Pourquoi mentir ? Autant être honnête. L’infirmière qui a lancé le dialogue me fait un sourire bienveillant et répond :
— Oui, je m’en doute bien. Vous avez pu dormir un peu quand même ?
— Pas beaucoup, comme doivent le montrer mes yeux (je tente un brin d’humour ). Au pire, je dormirais un peu cet après-midi, ou plus tard dans la matinée.
Elles marquent une pause avant que la deuxième infirmière, la blonde s’avance et demande :
— Que prenez-vous pour le petit-déjeuner ?
— Euh… du chocolat chaud, biscottes. C’est possible ?
— Oui, bien-sûr mais sans sucre étant donné qu’on va vous perfuser ensuite.
— Pas de problème.
Pour faire en sorte de stopper la poussée qui est responsable de mon incapacité actuelle à faire un pas devant l’autre, on va m’administrer pendant trois jours de la cortisone par perfusion. D’après ce que j’ai compris, si je mange trop sucré pendant ces moments-là, je risque de développer du diabète. Alors, non merci ! J’ai déjà assez à faire avec la SEP, si je peux éviter de collectionner les maladies, ça serait mieux !
Elles me laissent de nouveau seule et je me replonge dans mes pensées. Elles sont tellement sombres que je préfère me concentrer sur cet après-midi. Ludo m’a dit qu’il passerait me voir et j’ai réellement hâte. Quelques minutes plus tard, une aide médicale revient avec mon repas, suivie de près par une infirmière avec une petite seringue. Elle me dit :
— Je suis désolée Madame Marshall mais je dois vous administrer ça pour éviter les phlébites étant donné que vous ne pouvez pas énormément marcher actuellement.
Je fais « oui » de la tête et j’attends qu’elle me pique. Heureusement que je n’ai pas peur des aiguilles…
Lorsque Ludo passe la porte après avoir frappé, je revis. Enfin, il est là ! La première chose qu’il fait c’est de venir m’embrasser et j’ai enfin l’impression d’être de nouveau complète et à ma place.
— Comment tu vas, ma puce ? me demande-t-il en s’installant sur le siège après l’avoir rapprocher au maximum du lit.
— Mieux, maintenant que tu es là.
Il me sourit. J’adore tellement son sourire. Il est si doux, si tendre qu’il me réchauffe le cœur.
— Et toi ?
— Mieux, maintenant que je suis là.
Je vois mon homme me prendre la main et la caresser avec son pouce. Il ajoute en souriant :
— J’ai apprécié avoir le lit pour moi tout seul. En plus, c’était tout calme sans le bruit de tes ronflements.
— Haaaaaannnnnn ! m’exclamè-je. C’est pas moi qui ronfle ! C’est impossible de s’endormir quand tu dors déjà !
À ces mots, il éclate de rire et je le suis de bonne grâce. Ludo reprend bien vite son sérieux et me demande :
— Tu sais quand est-ce que le Neurologue doit revenir ?
— Théoriquement, il ne devrait pas tarder.
En effet, il doit venir pour qu’on parle des traitements notamment. Hier soir, il a voulu me laisser tranquille pour que je digère la nouvelle du diagnostic. C’était gentil de sa part. J’avais besoin de ce temps d’ailleurs. Mon humeur s’assombrit d’un coup et je dis :
— Tu sais, mon cœur, si tu veux faire ta vie sans moi, je comprendrais…
Il me regarde, soudain très sérieux et s’apprête à me dire quelque chose quand on toque à ma porte. Quand je dis d’entrer, elle laisse passer le Neurologue qui avance dans la pièce. Ce dernier, l’air grave, nous sourit tout de même avec bienveillance en s’avançant dans la pièce.
— Bonjour, Madame Marshall. Comment s’est passé votre matinée ?
Je m’agrippe à la main de Ludo qui n’a pas lâché la mienne et réponds :
— Ça va. J’ai eu la première perfusion de cortisone ce matin.
— Très bien. Et avez-vous essayé de remarcher depuis ?
— Euh, non… Je me suis débrouillée ce matin avec le fauteuil pour me préparer mais plus depuis.
Je vois le Neurologue hocher la tête avant de rajouter :
— Et vos sensations actuelles ? Vous sentez vos jambes ?
— Les fourmillements, ça compte ?
— Oui, bien-sûr.
— Alors oui, je sens mes jambes.
Il tourne la tête vers Ludo et demande :
— Est-ce que vous seriez d’accord de la retenir si nous testons la position debout ?
— Oui, évidemment ! répond Ludovic en se levant et en faisant le tour du lit.
J’attends quelques secondes qu’il soit près du lit. Je souffle doucement et je tire mes jambes hors de la couverture en les laissant pendre. Je lève les yeux vers mon homme, qui me fait un sourire rassurant, et pleine d’une assurance retrouvée, je me lance.
Bon, premier point positif : une fois les pieds par terre, je ne m’écroule pas. Donc mes jambes me portent de nouveau.
Par soucis de sécurité, j’attrape avec force la main de Ludovic et j’essaye de faire un pas. C’est malhabile, un peu gauche, mais j’y parviens. Pour le deuxième pas, je lâche tout. Et je reste debout. Mais c’est quand mes jambes tremblent que je comprends qu’il vaut mieux que je retourne sur le lit. Ludovic revient vers moi et m’aide à me ré-installer. Il me sourit et l’espace d’un instant, c’est comme si nous étions seuls dans la chambre.
Le charme se stoppe de lui-même et nous nous concentrons de nouveau sur le Neurologue. Il marque un temps avant de reprendre :
— Bien, il y a une petite amélioration. Nous verrons si ça continue comme ça. En revanche, Madame Marshall, vous allez très certainement avoir besoin de rééducation. Nous en reparlerons demain au vu de l’évolution de votre poussée.
Il marque un temps d’arrêt avant de continuer :
— Nous allons parler maintenant des traitements de fond. C’est important.
Je l’écoute avec attention mais finalement mes pensées vont ailleurs. Il nous explique tout avec énormément de détails. Et nous finissons par convenir d’un interféron. Lorsqu’il nous laisse en nous souhaitant un bon après-midi, je suis encore un peu dans la lune. Je reviens tout de même bien vite sur terre quand j’entends Ludo me dire :
— On peut peut-être reprendre notre discussion, non ?
— Par rapport à quoi ?
— Tu veux vraiment que je refasse ma vie sans toi ?
Ça jette un froid sur la pièce. Et je me souviens de ce que je lui ai dit. Je baisse les yeux et murmure :
— Je ne veux pas être un fardeau pour toi. Tu ne mérites pas la vie que je m’apprête à t’imposer.
— Tu n’y es pour rien.
— Toi non plus.
Ludovic me prend délicatement le menton et remonte mon visage pour se plonger dans mes yeux. Il dit :
— Ma vie sans toi est totalement exclue. Je ne peux plus l’imaginer d’ailleurs. Tu es devenue mon univers. Si tu ne récupères pas tes jambes, alors je serai ta canne et je pousserai ton fauteuil. Si tu es trop fatiguée, alors je ferai à ta place, ou tout du moins je t’aiderai. Et si un jour, tu ne vois plus alors je serai tes yeux.
Une larme coule, puis encore une et il les essuie toutes les unes à la suite des autres. Il continue :
— Lilou, tu es mon amour et on traversera cette épreuve ensemble.
— Mais… hoqueté-je Je ne veux pas que tu finisses par regretter de t’être mis avec moi.
— Ma puce… s’il y a bien une chose que je ne regrette pas dans ma vie, c’est toi.
Sans rien ajouter de plus, il se lève et vient s’assoir sur le lit pour que je puisse me coller contre lui. Ce que je m’empresse de faire.
— Alors maintenant, reprend-t-il, tu vas te remettre doucement. En allant à la rééducation, par exemple. Tu prendras le temps dont tu auras besoin pour toi uniquement sans te préoccuper des autres. Et quoi qu’il arrive, tu pourras compter sur moi. D’accord ?
J’ai la gorge bien trop serrée pour parler alors je hoche la tête. Il m’embrasse sur le front puis me serre de nouveau très fort contre lui. Il est tellement merveilleux. Je l’aime plus que tout au monde.
Ce nouveau monde qui a perdu ses couleurs pour devenir gris. Ce monde avec ce corps qui m’a trahis. Ce monde à l’avenir plus qu’incertain.
Ce nouveau monde qui est devenu le mien.
Voili voilou, Ami lecteur, j’espère que ça t’a plu ! Personnellement, j’ai pris beaucoup de plaisir à retrouver Lilou et Ludovic. Honnêtement, ils m’avaient manqué même si la pause que j’ai faite entre la publication du dernier épisode de la saison 1 et l’écriture de cet épisode-ci était nécessaire.
Voici un petit lien vers le site de mon amie blogueuse (toujours et encore la même) qui a également écrit une fiction. Évidemment, si ça t’intéresse, bien-sûr ! Clique ici.
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Sinon, on reprend les bonnes vieilles habitudes en se retrouvant ici dans trois semaines pour l’épisode 2 !
Sur ce, à la prochaine, Ami lecteur, et bien le bonsoir !
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