Si j'étais quelqu'un Saison 2 / épisode 4

[Des histoires] -Si j’étais quelqu’un d’autre- #4 (S2E4)

La saison 2 de Si j’étais quelqu’un d’autre avance de plus en plus avec l‘épisode 4. Comme d’habitude, j’espère que tu prendras autant de plaisir à le lire que moi j’en ai eu à l’écrire !

J’ai également posté l’épisode 3, que tu peux toujours retrouver ici (si le cœur t’en dit et si tu veux comprendre aussi l’histoire aussi).

Sur ce, je te souhaite une bonne découverte, ainsi qu’une bonne lecture !!



Épisode 4 : Quoi qu’il arrive tu pourras toujours compter sur moi.

Quand j’ouvre les yeux, le noir de la chambre me fait comprendre avant que je regarde mon téléphone, qu’il est encore très tôt. Je pousse un soupir et je tourne la tête. Lilou dort encore à côté de moi et semble détendue. Ça me fait plaisir de la voir si paisible parce que depuis quelques jours, je vois bien qu’elle est triste.

J’attrape mon téléphone presque à tâtons étant donné qu’il fait très sombre et je l’allume. La lumière m’éblouit et je plisse les yeux. Quatre heures trente du matin… sérieusement… Je sens bien que je n’arriverai pas à me rendormir. Mes yeux sont comme ceux d’un hibou en pleine nuit qui s’apprête à chasser. Peine perdue, je finis par me lever pour sortir de la chambre.

Une fois n’est pas coutume et je me prends les pieds dans le tapi. Je jure dans ma moustache, en chuchotant et je me relève avec plus ou moins de difficulté, en boitant. En passant la porte et en la fermant, j’entends Lilou soupirer et se retourner dans le lit. Au moins je ne l’ai pas réveillée avec mes bêtises.

Lorsque j’arrive dans le salon, il est baigné dans la pénombre. J’adore ce genre d’ambiance. J’en profite d’ailleurs parce que je sais que ça angoisse Lilou. Je m’installe sur le canapé, prends la couverture et m’enroule dedans en posant les pieds sur la petite table. La télécommande en main, je mets en route la télévision et commence à chercher quelque chose à lancer sur Netflix.

C’est toujours la croix et la bannière pour trouver un truc à regarder. Non pas parce qu’il n’y a pas de choix mais plutôt parce qu’il y en toujours trop. Je me lance dans un anime. Ce n’est qu’au bout du deuxième épisode (que j’aime cela dit en passant), que je finis par somnoler…

Mes yeux se ferment doucement et je les rouvre que lorsque j’entends du mouvement dans la pièce. Lilou arrive en claudiquant et fronce les sourcils en me voyant. Elle dit :
— Mon cœur ? Qu’est-ce que tu fais là ?
— Il est quelle heure ? lui demandé-je alors.
— Sept heures.

En l’entendant, je grommelle de nouveau dans ma moustache. Et dire qu’en plus c’est le week-end et que je ne suis pas censé travailler aujourd’hui. Lilou s’avance vers moi et j’ouvre en grand mes bras pour qu’elle s’installe contre moi. Elle s’assoit et met avec difficulté ses jambes sur les miennes. Et je referme la couverture contre son corps avec amour. Elle se blottit contre moi et commence à jouer avec mon t-shirt en l’enroulant avec son doigt. Elle murmure :
— J’adore ton odeur. Elle m’apaise…
— Ah ouais ? m’amusè-je alors. Ton nez doit être vachement endommagé alors parce qu’on est le matin et le matin, je pue carrément.

Elle pouffe doucement et s’accroche de plus en plus à moi.
— Au moins, je te fais rire, murmuré-je en l’embrassant sur la tempe. C’est déjà pas mal.
— Excuse-moi d’être aussi déprimée en ce moment…
— Ne t’excuse pas pour ça. Tu as toutes les raisons d’être déprimée.
— Mais, je ne suis pas spécialement à plaindre…

Je la resserre encore plus dans mes bras et je dis :
— Tu viens de l’apprendre. Et jusqu’à preuve du contraire, tu n’es pas une extraterrestre. Tu as le droit de ressentir ce que tu ressens. Tu as le droit de te plaindre. Et tu as le droit de pleurer, ce n’est en aucun cas interdit.
— Merci, Chéri…

Je l’embrasse de nouveau sur le front avant de demander :
— Tu vas rejouer aujourd’hui ?
— Non, je ne pense pas…

On marque un silence et elle finit par ajouter :
— Je n’y arrive pas…
— Ça reviendra, ne t’inquiète pas.
— Et si ça ne revient pas ?
— Alors on trouvera autre-chose.
— « on » ?
— Bien-sûr ! m’exclamè-je. Je t’accompagnerai jusqu’au bout du monde, s’il le fallait.

Je l’entends et la sens pouffer avant de répliquer très sérieusement :
— Et on vivrait de quoi si tu abandonnes tout et que moi je n’ai plus de travail ?
— D’amour et d’eau fraiche, quelle question !

Cette fois-ci, elle éclate de rire. Et ça me fait du bien. Ce son m’avait profondément manqué. Elle dit après s’être calmé :
— Tu n’es pas croyable…
— Dis plutôt que j’ai un charme fou.
— Effectivement. Tu me fais tellement rire.
— Après je ne suis pas si drôle que ça mais tu sembles étrangement réceptive à mon niveau de conneries alors…

Du coin de l’œil, je la vois lever les yeux au ciel. Puis toujours avec plus ou moins de difficulté, elle retire ses jambes et se lève.
— Café ?
— Je veux bien, lui réponds-je pendant que je la vois s’en aller.

Puis j’ajoute en me levant à mon tour pour la suivre :
— Tu veux bouger un peu aujourd’hui ?
— On irait où ?
— J’en sais rien. dis-je en haussant les épaules. On pourrait aller nous promener en ville, aller faire un musée, nous poser dans un parc…

Elle met en marche la machine à expresso en répondant :
— Oui, d’accord. Ça va me faire du bien de voir autre chose que la maison ou le centre. Puis le Kiné m’a dit que je devais bouger un maximum.
— Parfait alors ! Faisons ça !

Lilou me dépose ma tasse en face de moi en souriant avant de dire :
— Tu es particulièrement enthousiaste, dis-donc.
— C’est parce que j’apprécie l’idée qu’on se promène toi et moi.

Je vois ma femme prendre sa propre tasse une fois que le café à couler puis elle se déplace un peu moins péniblement que dernièrement et s’installe sur le tabouret juste à côté du mien. Il me vient alors une idée subite et je demande pas vraiment sûr de sa réponse :
— Ça te dit d’aller prendre un petit-dèj dehors ?
— Tu veux dire au McDo ?
— Ouais, par exemple.
— Oui, d’accord.

Elle est reconnaissante et je le ressens. On finit de boire notre boisson puis on se lève ensemble pour nous préparer et sortir de chez nous. Dans les escaliers, Lilou s’agrippe à moi et on descend tranquillement. Et quand je la vois, pas très assurée sur ses appuis, mais fière et la tête droite, une image me vient.

Je n’en ai jamais parlé à Lilou mais ma grand-mère maternelle avait de gros problèmes de santé elle aussi, et parfois ses appuis n’étaient pas terribles. Pourtant, lorsqu’elle marchait en s’accrochant aux bras de mon grand-père, elle était tout aussi sûre d’elle que Lilou aux miens. Et je sais que mes grands-parents étaient très amoureux l’un de l’autre. En fait, c’est cette image que j’ai de l’amour véritable. Compter sur l’autre, sans rien lui imposer. L’aimer comme il est avec ses bagages, ses qualités et ses défauts et le respecter pour ce qu’il est et pour ce qu’il représente. Alors si sur ce point-là on leur ressemble, ça me fait plaisir.

On est pas marié avec Lilou, ça ne fait peut-être pas assez longtemps qu’on est ensemble elle et moi. Pourtant, je sais que c’est quelque part tout comme. Comment il dit le prête déjà ?

« Dans la santé et dans la maladie, pour le meilleur et pour le pire. »

Ouais, c’est ça. Alors, on est déjà plus ou moins unis tous les deux.


— Et voilà le petit-dèj des champions ! m’exclamè-je en déposant le plateau entre nous.

Lilou, qui semblait perdue dans ses pensées, lève les yeux et les plonge dans les miens en souriant sincèrement.
— Merci pour tout. murmure-t-elle presque.
— Arrête de me remercier pour ça.
— Mais tu n’es pas obligé.

Je commence à ouvrir les emballages et pendant qu’elle me fait du pied l’air de rien je réponds :
— Je sais. Ça me demande aucun effort parce que je t’aime.

Je lui prends la main que j’embrasse pendant que je vois ses yeux qui deviennent brillants.
— Moi aussi je t’aime.

Je lâche sa main et on mange tous les deux avec appétit. Du coin de l’œil, je l’observe avaler sa bouchée et un petit sourire coquin commence à se dessiner sur ses lèvres.

Il me manquait ce sourire.


Je ramène le plateau avec toutes la nourriture pour notre apéritif dinatoire. Les parents de Lilou : Gislaine et Marcus, sont venus nous voir. Je sais à quel point ils ont été choqués d’apprendre pour la maladie de leur fille. Je ne les avais pas beaucoup vu puisqu’on a chacun notre vie et je ne sais pas si je les apprécie ou pas, finalement. Le seul vrai problème avec eux, et ma chère et tendre est d’accord avec moi, est qu’on parle quasiment que du boulot. Mais, on voit bien à quel point ils l’aiment. En fait, en faisant attention, on distingue bien qu’ils sont fières de la réussite de Lilou.

Son père m’aide en ramenant les verres, en faisant des allers et retours et on installe tout sur la petite table devant la télévision. Je prends place près de ma femme et Marcus à côté de la sienne.
— Comment se passe la rééducation ? demande Gislaine.
— Plutôt bien, répond Lilou. Je marche de mieux en mieux.
— Et au niveau de tes bras ? s’enquiert Marcus.
— Tout va bien. Je n’ai juste pas encore rejoué au violon.
— Pourquoi ?

Je vois du coin de l’œil Lilou baisser les yeux et hausser les épaules. Quelque chose bloque, et je ne sais pas quoi. D’habitude, elle dit simplement et honnêtement les choses et ne les garde jamais pour elle. Depuis un mois, elle garde beaucoup de choses pour elle et ne partage plus ce qu’elle ressent. C’est une nouvelle facette d’elle que je ne connais pas.

Au bout de quelques secondes, elle n’a toujours pas relevé les yeux et elle semble réellement loin. Je prends sa main et la caresse doucement. Son regard se relève et capte le mien. Je ressens tellement de reconnaissance que je me retrouve tout chamboulé. Elle regarde de nouveau ses parents quand son père se racle la gorge. Elle finit par dire :
— T’inquiète Papa, ça va revenir.

Son père ne dit rien de plus sur ce sujet et toute la confiance qu’ils se portent transparait de cet instant en à peine quelques secondes. Quelque part, je trouve ça beau. Gislaine prend Lilou dans ses bras et lui dit après avoir déposé un baiser sur sa joue :
— On sait, bien-sûr. Tu es faite pour ça. Tu vas y arriver de nouveau.

Lilou regarde sa mère en souriant et en hochant la tête. Leur relation à toutes les deux est véritablement étrange. Autant, avec son père, on sent que Lilou et lui s’aiment profondément en se faisant confiance. Autant avec sa mère, il existe une certaine retenue, comme une sorte de méfiance. Je n’ai jamais demandé d’explications à Lilou du pourquoi du comment. Je le ferai peut-être plus tard. Disons que je respecte le fait qu’elle ne me parle pas de tout non plus. Chacun sa manière de gérer les relations avec ses parents après tout.

La soirée passe et on dit finalement « au revoir » à mes « beaux-parents » qui s’en vont parce qu’ils ont trois bons quart-d’heures de route. Une fois de nouveau seuls, j’aide Lilou à débarrasser et à tout ranger. Puis je m’affale comme un gros sac sur le canapé en poussant un soupir. Sans un mot, elle vient se coller à moi et je l’enserre dans mon bras que j’avais étendu au préalable.

Je l’embrasse sur le front et elle remonte la main pour me caresser le visage avec tendresse. Depuis combien de temps est-elle devenu tout mon monde ? Je ne sais pas. Une chose est sûre, je donnerai tout pour elle. Et si je pouvais voir avec les puissances supérieures pour inverser nos places et prendre sa maladie, je le ferai.

Je le ferai sans aucune hésitation.



Voili voilou, Ami lecteur, j’espère que ça t’a plu ! Ludo est trop chou, tu ne trouves pas ? Es-tu, toi-même un aidant ? Si oui, comment le gères-tu ?

Le petit lien vers le site de mon amie blogueuse (certaines choses ne changent pas) qui a également écrit une fiction est encore et toujours disponible. Évidemment, si ça t’intéresse, bien-sûr ! Clique ici.

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Sinon, on reprend les bonnes vieilles habitudes en se retrouvant ici dans trois semaines pour l’épisode 5 !

Sur ce, à la prochaine, Ami lecteur, et bien le bonsoir !

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