Si j'étais 1, 3,4

[Fictions] -Si j’étais quelqu’un d’autre- #5 (S3E5)

On est parti pour retrouver Lilou et Ludo avec l‘épisode 5 de la saison 3 de Si j’étais quelqu’un d’autre. J’espère qu’il te plaira !

Si tu n’as pas encore lu l’épisode 4 de la saison 3, je t’invite à aller te rafraichir la mémoire en cliquant ici.

Sur ce, je te souhaite une bonne découverte, ainsi qu’une bonne lecture !!



Épisode 5 : Comment te comprendre si tu ne parles pas ?

En tailleur sur le canapé, je refuse encore de croiser le regard de Ludo. Il semble réellement mal depuis que je lui ai fait comprendre que je l’avais vu dans les bras d’une autre dans la rue. 

Il s’est installé sur le pouffe en face de la table basse et semble chercher la manière dont il va me dire les choses. Et moi, j’attends. En réalité, j’ai attendu à son retour qu’il m’en parle de lui-même. J’avais espéré qu’il comprenne ce qu’il avait fait pour m’énerver autant en vue de la manière dont j’étais avec lui. Mais visiblement, ce n’était clairement pas le cas. 

Je me rends compte soudain que j’ai un élastique en spirale au poignet. Je jouais avec depuis tout à l’heure sans m’en apercevoir. Mes cheveux ont beaucoup poussé et me gênent alors en gardant le silence, je relève ma chevelure en un chignon fou. Un coup d’œil vers mon homme me permet de me rendre compte d’à quel point il semble soucieux. Ses coudes sur ses genoux et sa tête dans la main, il cherche mes yeux. Alors, je plonge dedans. 
– Ma puce… Ce n’est pas ce que tu crois. 
– Et à ton avis, qu’est-ce que je crois ? 

Ludo baisse ses deux mains et les laisse tomber au milieu entre ses jambes. Il dit encore : 
– Je ne t’ai pas trompée. 
– OK. 

Je fais ma femme forte et que rien n’atteint en lui répondant ainsi, mais en réalité, je suis soulagée. J’entrelace mes propres doigts et les place sur mes chevilles croisées. Puis je demande : 
– Alors c’était qui ? 
– Blanche. 
– Ton ex ? 

Il hoche la tête pendant que je reprends : 
– Tu avais rendez-vous avec elle ? 
– Non. J’étais avec Baudouin au bar. 
– Alors pourquoi tu étais avec elle ? 

Il pousse un soupir. Tout dans son corps me fait comprendre d’à quel point il a envie de venir me prendre dans ses bras. Pourtant, il n’en fait rien. Il me répond : 
– Je suis sorti du bar quand je suis tombée sur elle. En réalité, elle passait dans la rue au moment où j’ai ouvert la porte et elle m’a foncé dedans. 
– Comme c’est pratique… bougonné-je, mécontente. 
– Arrête, Lou’. C’est vraiment ce qu’il s’est passé. 

Je me tais, en grommelant dans ma moustache pendant qu’il continue : 
– Je l’ai retenue pour pas qu’elle tombe. Et quand elle m’a reconnu, elle a voulu tout de suite me parler. 
– Te parler de quoi ? 
– Elle s’est excusée. 
– Pourquoi ? 
– Pour le mal qu’elle m’a fait lorsqu’on était ensemble. 

Je dois avoir l’air vraiment surprise puisqu’il sourit lorsqu’il me regarde de nouveau. Il pousse de nouveau un soupir avant d’avouer : 
– Tu te souviens d’à quel point je me sentais mal dans ma peau lorsqu’on s’est mis ensemble, toi et moi ? 

Oui, je m’en souviens. Évidemment que je m’en souviens. C’était presque imperceptible tant il le cachait bien. Mais les faits étaient là. Ludovic ne s’aimait pas. Je hoche la tête et il reprend : 
– Je ne me suis jamais vraiment attardé dessus parce que ça appartient au passé et m’en souvenir me rendait malheureux… mais Blanche me faisait souvent des remarques sur mon poids quand j’en prenais. Ce n’était jamais foncièrement méchant, alors je lui pardonnais. 
– Mais ça a laissé des marques. deviné-je. 
– Ouais… et elle m’a fait la remarque de trop. 
– Qu’est-ce qu’elle a dit ? 
– Elle m’a dit d’arrêter de manger si je ne voulais pas finir par ressembler à un gros porc. 

Mon cerveau se stoppe d’un coup tant le choc provoqué est puissant. 
– Quoi ? 
– Ouais… c’était violent. Et c’était la première fois que je distinguais réellement de la méchanceté dans ses paroles. Je l’ai pas supporté. Et sur un coup de tête, je l’ai quittée. 

Je n’ai jamais compris ces personnes qui jugent les autres sur l’apparence, sur le poids, sur la couleur de peau, ou même encore sur l’orientation sexuelle. Quel est le but de faire cela hormis blesser, casser, briser ou encore traumatiser la personne ? Chacun est libre de faire ce qu’il veut. Et plutôt que de juger ; aider et accompagner les autres est tellement plus bienveillant… Le poids dans mon cœur est revenu. Je ressens de la tristesse pour celui que j’aime. J’ai envie de me lever et de me blottir dans ses bras. Ludo continue : 
– Alors quand elle s’est excusée pour ce qu’elle m’avait dit, je lui ai pardonné et prise dans mes bras. 
– Je comprends… 

Lui, qui avait perdu son regard dans le lointain sous le poids des souvenirs se concentre de nouveau sur moi lorsqu’il ajoute, le sourire aux lèvres : 
– Je lui ai dit que j’avais rencontré quelqu’un et que j’étais heureux avec cette personne. 

Quand il capte mes yeux, il ajoute : 
– Je lui ai dit que j’étais très amoureux. Et que mon existence serait bien triste si je n’avais pas rencontré celle qui partage ma vie maintenant. 

Toujours le regard rivé au mien, il se lève et s’approche de moi. 
– Parce que je t’aime, Lilou

Il se met à genoux devant moi. Délicatement, il prend mon premier pied qu’il place par terre, puis le second pour faire la même chose. Et il vient se placer entre mes cuisses. Électrisée par son contact et son corps si près du mien, je finis tout de même par demander : 
– Pourquoi tu ne m’en as pas parlé avant ? 
– Parce que j’ai une mémoire sélective et que j’ai occulté ce moment. Pour moi, il n’avait pas d’importance. Ça ne comptait pas. 

Tel que je le connais, ça se tient complètement. Ludo a tendance à oublier ce qui l’ennuie. Il rapproche mes hanches de lui en ajoutant : 
– C’est “ça” qui compte. C’est toi le plus important. Toi et moi, et le reste, franchement, je m’en fous. 

J’aurais pu douter encore de lui. J’aurais pu me dire qu’il se fichait totalement de moi, qu’il m’avait dit cela pour que je lui pardonne. Mais en réalité, je connais mon homme. Je sais comment il est, je connais ses faiblesses, et ses défauts aussi bien que ses forces et ses qualités. J’ai confiance en lui. Et quand il me regarde avec tant de franchise et d’amour, quand il me caresse avec tant de douceur et de tendresse, je ne doute pas. Je sais qu’il est sincère et honnête, parce qu’il l’a toujours été avec moi. 

Parce que sans amour, ni confiance, le monde serait bien triste. Mon cœur bat la chamade dans mon corps. Et quand j’enroule mes cuisses autour de ses hanches et que je crochète mes pieds dans son dos, je sens un frisson de plaisir le parcourir. Je relève mes mains et lui caresse tendrement la joue. 
– Je t’aime aussi, Ludo… si tu savais… 
– T’inquiète, mon amour… je le sais. 

Je dépose enfin mes lèvres sur les siennes et pendant qu’il répond à mon baiser,  j’ai enfin le sentiment d’avoir retrouvé ma place. 


– Alors, Madame Marshall, comment allez-vous ? 

Assise, les jambes croisées devant le bureau de mon Neurologue, je l’observe quelques secondes avant de lui répondre. Comment je vais  ? Sincèrement ? Je sens le regard de Ludo, installé à côté de moi. Lui aussi, attends ma réponse. Je prends le temps de respirer encore quelques secondes supplémentaires avant d’enfin dire : 
– Dans la globalité, on va dire que ça va. 
– “On va dire” ? 

Mon Neurologue fronce les sourcils en m’entendant. Alors je hoche la tête avant de préciser : 
– J’avoue que j’ai de plus en plus de mal à supporter le traitement. 
– Ah oui, d’accord. Qu’est-ce que vous ne supportez plus ? 

J’ai de nouveau un temps de réflexion avant d’avouer : 
– Quand je le prends, j’ai des symptômes pseudo-grippaux très violents. Je suis cassée pendant pratiquement trois jours. Et c’est de plus en plus compliqué pour moi de me dire que je vais encore devoir me piquer parce que je sais à quel point je vais être mal. Alors, je crois que mes prises de sang sont bonnes, sinon vous reviendriez vers moi. Mais bon… 

Cette fois-ci, c’est mon Neurologue qui réfléchit. Il finit par dire : 
– À notre dernier rendez-vous, nous avions parlé d’un potentiel projet bébé. Est-ce que c’est toujours d’actualité ? 

Je tourne la tête vers Ludo. Mon amoureux semble se référer à moi. Cette discussion a été un peu laissée de côté. Je n’étais pas forcément dans le mood. Je ne sais même pas encore si j’en désire. Il me prend la main et hoche la tête. Signe qu’il me laisse décisionnaire principale. Alors je regarde de nouveau mon médecin et réponds : 
– Actuellement, je ne souhaite pas spécialement essayer de tomber enceinte. 

Je regarde Ludo et lui prends la main avant de lui dire directement : 
– Je suis désolée mon amour, si tu y songeais. 
– Ne t’inquiète pas, ma puce. Je ferais en fonction de toi. Si tu ne veux pas essayer pour le moment, alors on n’essaiera pas. 

Tout l’amour dans ses yeux me fait comprendre qu’il est sincère. Alors je hoche la tête et me concentre de nouveau sur mon Neurologue. Ce dernier semble satisfait et reprend : 
– Dans ce cas, je peux vous proposer un nouveau traitement. Le principe est de prendre une dizaine de comprimés sur un mois, puis d’en prendre de nouveau une dizaine le mois d’après. Ensuite vous serez tranquille pendant un an. L’opération est répétée l’année suivante. Le but est de supprimer les mauvais globules blancs pour en créer de nouveaux. 
– Et je vais devoir le prendre ainsi tous les ans ? 
– Non, dit-il en secouant la tête. Ça ne se fera que sur deux ans. 

Je marque un temps durant lequel mon médecin continue de m’expliquer les spécificités de ce nouveau traitement potentiel. D’après ce que je comprends, après ces deux années, je serais complètement tranquille. Mon Neurologue nous parle ensuite de ses autres patients qui l’ont reçu. Ils seraient tranquilles même après plus de cinq ans sans avoir repris de comprimés.  Ludo finit par demander : 
– Pourquoi vous ne l’avez pas proposé avant ? 
– Parce que durant ce traitement, votre compagne ne doit en aucun cas tomber enceinte. Dans le doute, j’avais proposé le traitement actuel. 
– Et si on décide d’essayer d’avoir un bébé après ces deux ans ? 
– Rien de plus simple, Madame. Vous serez tranquille. Vous n’aurez rien à prendre de plus. Simplement, après l’accouchement, vous devrez sans doute reprendre le traitement. Mais on n’y est pas pour le moment. 

Il marque une pause avant de reprendre : 
– Vous avez besoin de réfléchir, peut-être ? 

En réalité, c’est déjà tout réfléchi. Je n’en peux plus de mon traitement actuel. J’en ai assez d’être très mal pendant deux week-ends par mois. J’en ai assez de me retrouver avec des marques et bleus sur les deux jambes. Et surtout, j’en peux plus de cette piqûre de rappel sur ma maladie deux fois par mois. Je n’en ai pas besoin pour me souvenir que je suis malade. Je sens la main de Ludo se resserrer autour de la mienne. Alors je le regarde avant de dire à l’attention de mon médecin : 
– Je suis désolée mon amour, mais je n’en peux vraiment plus. Je voudrais changer. 


– Tu sais, ma puce, je ne t’en veux vraiment pas pour le fait que tu aies voulu changer de traitement. 

Ludo vient de démarrer la voiture et nous sortons du parking de l’hôpital. Je tourne la tête vers lui pendant qu’il s’enclenche dans un rond-point. Je regarde de nouveau par la fenêtre avant de dire : 
–  Pardon de ne pas t’avoir concerté. 
– T’excuse pas pour ça. 
– Mais j’ai réfléchi de mon côté sans réellement t’en parler. Tout comme les enfants, en fait… 

Il marque un temps durant lequel il sort du rond-point puis me répond : 
– Quel que soit ce que je pourrais penser, c’est ton corps et pas le mien. Alors, en tant qu’aidant, évidemment que je suis impacté par ta maladie. Il y a plein d’incertitudes. Parfois, j’ai peur de l’avenir… Pour toi. Mais tu es forte et ça, je le sais. 

Sans lâcher le volant, il m’attrape la main gauche avec sa droite et entrelace nos doigts avant d’en embrasser le dos. Sans détourner les yeux de la route, il continue : 
– Prendre ce traitement, je n’ai aucune idée réelle de ce que cela te fait. J’imagine bien lorsque je vois dans quel état il te met mais ça s’arrête là. Et les enfants, au final, ce n’est pas moi qui les porterais… Alors, si tu ne souhaites pas ou plus en avoir, je respecterai ton choix. Et si tu veux changer de traitement pour vivre mieux, alors je te suivrai quoi qu’il arrive. 
– Ce n’est pas la vie que je voulais t’offrir… bougonné-je. 

Il embrasse de nouveau le dos de ma main avant de répliquer : 
– Je n’ai même pas à réfléchir en fait. Ma vie me satisfait totalement, tant que tu la partages. 

Il lâche ma main, et change les vitesses pour sortir de la voie d’accélération en finissant : 
– Tu es mon évidence. 

Les larmes aux yeux, je me racle la gorge pour ne pas pleurer. Le regard perdu sur les paysages qui défilent, je tente de contenir mon émotion. Parce qu’au final, nous nous complétons vraiment bien. 

Et nous étions vraiment faits pour nous rencontrer…



Voilà, Ami Lecteur, j’espère que cet épisode t’a plu !

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Sinon, on commence de nouvelles habitudes en se retrouvant ici dans un mois pour l’épisode 6 !

Sur ce, à la prochaine, Ami lecteur, et bien le bonsoir !

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