Si j'étais 1, 3,4,7,9

[Fictions] -Si j’étais quelqu’un d’autre- #9 (S3E9)

On est parti pour retrouver Lilou et Ludo avec l‘épisode 9 de la saison 3 de Si j’étais quelqu’un d’autre. J’espère qu’il te plaira !

Si tu n’as pas encore lu l’épisode 8 de la saison 3, je t’invite à aller te rafraichir la mémoire en cliquant ici.

Sur ce, je te souhaite une bonne découverte, ainsi qu’une bonne lecture !!



Épisode 9 : Rendre ce que l’on nous donne.

Je remercie la serveuse qui m’apporte mon cappuccino. Agnès, en face de moi, salive déjà devant son chocolat chaud. À mes pieds, Cappu s’est allongée et attend patiemment que le temps passe. 

Quelques mois plus tôt, je n’aurais jamais cru pouvoir faire ça avec ma chienne. Chaque passant, chaque vélo, chaque voiture étaient sources de stress pour elle et il fallait la retenir pour ne pas qu’elle aille s’emplafonner directement en fonçant dedans. Alors, lorsque nous avons vu le Comportementaliste avec Ludo, il nous a donné des exercices à faire avec elle. Et nous n’avons pas lâché. Notre chienne en valait la peine. 

Plusieurs fois, j’ai eu peur de l’emmener avec moi en ville pour ces raisons. J’avais peur de ne pas parvenir à la retenir. Et de lâcher la laisse. Mais j’ai insisté, nous avons trouvé des astuces. Puis au fur et à mesure nous n’en avons plus eu besoin. Je crois que l’instant où j’ai compris que la vie serait plus facile pour elle et qu’elle me faisait confiance a été le moment où nous nous sommes installés en terrasse avec Ludo, Agnès et Baudouin, et qu’elle a posé sa tête sur ma cuisse en se détendant totalement. Comme si j’étais son ancrage dans ce tourbillon autour de nous. 

Alors à présent, elle est couchée et je sens sa tête sur mon pied. Avec Agnès, nous parlons de tout et de rien. Elle me tient au courant de ses dernières idées pour faire avancer ma carrière et je dois avouer qu’elles sont toutes très bonnes. Après avoir bu une nouvelle gorgée, elle me demande : 
– Alors, tu en es où sur l’avancée de ton prochain album ? 
– J’ai encore trois mélodies que je dois enregistrer et agencer. Et on pourra dire qu’il est terminé. 
– C’est dingue l’inspiration que tu as… 

En l’entendant, je hausse les épaules. C’est vrai que je n’ai jamais rencontré de difficulté à créer. La musique coule en moi comme l’eau sur la peau. Je dis : 
– Pendant des années je m’y suis raccrochée. Tout ce que je ressentais, je le faisais passer par mes mélodies. 
– Ton moyen d’expression… 
– C’est ça, acquiescé-je. Et comme je ressens toujours énormément de choses, ça fait de moi quelqu’un de particulièrement inspirée. 

Cappu pousse un soupir et nous sourions toutes les deux en l’entendant. Je bois, moi aussi, une gorgée de ma boisson pendant que ma meilleure amie ajoute : 
– N’empêche que ton travail est de plus en plus connu et apprécié. J’ai reçu énormément de demandes de collaborations musicales et des demandes de partenariats aussi. 
– Je suis sûre que si on t’avait dit, il y a sept ans qu’en signant avec moi, tu aurais autant de travail, tu ne l’aurais pas cru. 
– C’est vrai, mais au final, je ne peux pas le regretter. Parce qu’en plus d’une artiste à représenter, ce qui est mon boulot, ne l’oublions pas, j’ai aussi gagné ma meilleure amie… Alors tu vois, je suis surtout contente que ton talent soit autant apprécié. 

Je suis émue et je ne le cache pas. Au final, avec Agnès, c’est comme si nous nous connaissions depuis toujours. Je ne pourrais pas expliquer le lien qui nous unit toutes les deux. Un peu comme une histoire d’amour, mais sans aucune once de romantisme. 
– Nini’, tu n’imagines pas la reconnaissance que je ressens au fait que tu fasses partie de ma vie. Que nos chemins se soient croisés. Tu m’as aidée à passer une période vraiment très noire… Et à chaque moment, tu étais là. Dans les joies comme dans les peines. Je ne compte plus les soirées que nous avons passées ensemble à rire, à danser ou même à chanter à tue-tête. Je ne compte plus les moments où tu m’as consolée quand j’allais mal. Ou encourager quand je doutais de moi.  Alors, tu vois, je n’ai pas honte de dire à quel point je t’aime. 
– Lil’… Tu sais, je t’aime aussi. Et je ne sais pas pourquoi, mais j’ai tout de suite eu confiance en toi. J’ai su que tu irais très loin. Que tu avais simplement besoin d’un coup de pouce et c’est ça que je t’ai donné. Enfin, je n’aurais jamais cru que nous deviendrions aussi proches.

Nous prenons un silence durant lequel nous continuons de boire. Puis Agnès ajoute : 
– Je voulais te dire aussi… merci de ne pas m’avoir jugée… 
– Pour quelle raison ? 
– Mon asexualité. 

Je n’ai pas le temps de lui répondre que mon échine se dresse en un instant. Un rire mesquin se fait entendre à côté de nous et je vois directement le teint d’Agnès se ternir d’un coup. Je tourne la tête et voit Maxine qui me surplombe. Son sourire narquois me donne directement envie de la gifler. Je sais d’avance qu’elle va dire quelque chose de blessant. Je reconnais son tic au niveau de l’œil. 

Mon ex s’amuse : 
– Alors comme ça mademoiselle serait asexuelle ? 

Puis elle ajoute en ricanant : 
– Tu surfes sur la mode, ou quoi, Agnès ? C’est vraiment se donner de l’importance pour pas grand chose, à ce stade. C’est triste d’être si insignifiante au point de se faire remarquer par tous les moyens… 

Je vois ma meilleure amie qui s’affaisse comme si elle venait de se prendre un coup dans l’estomac et cette vision me met hors de moi. Me voulant sérieuse et menaçante, je m’exclame : 
– Mais tu t’entends parler ? La considération, l’empathie et le respect, ça te dit quelque chose ou tu es trop bête et méchante pour savoir ce que c’est ? 

Maxine tourne le visage vers moi et je sens que la tête de Cappu n’est plus sur mon pied. Ma chienne a dû ressentir ma colère. Je passe une main sous la table pour la caresser et je ressens sa détente. Mon ex me dit : 
– Je ne t’ai pas sonnée, Lilou. 
– Woua… réplique digne d’une gamine de maternelle. Je n’en attendais pas moins de toi, remarque. 

Puis, devant le regard à la fois amusé, étonné et reconnaissant d’Agnès, j’ajoute : 
– Mais comment j’ai pu être aussi amoureuse de toi ? 

Visiblement Maxine ne s’attendait pas à ce que je réagisse étant donné son manque de répondant. J’enfonce le clou : 
– Alors, c’est quoi le truc, cette fois-ci ? Ta vie est si insignifiante que tu te sens obligée de venir constamment nous pourrir la nôtre ? 

Et lancée dans ma tirade, devant son absence de réponse, je continue : 
– Alors Maxine, tu as perdu ta langue ? Non parce que dans ce cas-là, tu peux nous laisser et je ne sais pas, moi… prendre la porte et ne plus jamais revenir par exemple. Tu en penses quoi, Nini’ ? 
– Bonne idée, oui, renchérit Agnès qui, à présent, pouffe doucement face à l’expression choquée de Maxine. 

Le regard mauvais, mon ex appuie de ses deux mains sur la table à présent. Au vu de notre passé et de tout ce qu’elle m’a fait subir, je devrais peut-être avoir peur, mais je ne ressens que de la pitié. Elle est vraiment pathétique. 
– Dommage que ta maladie ne t’empêche pas de parler. Mais bon, ça peut encore arriver… Tout espoir n’est pas perdu. 

En réalité, je pourrais être blessée. Je pourrais ressentir de la colère face à cet acharnement. Mais ce n’est pas pour moi que je ressens ce sentiment. Maxine n’aurait jamais dû s’en prendre à Agnès. Sans lâcher son regard, une hargne sourde me prenant, je réplique : 
– Garde tes paroles acerbes pour toi. Si tu n’as rien de gentil à dire alors ce n’est pas la peine de parler. Tu vois, Maxine, tu peux m’envoyer dans la tête tout ce que tu veux. Parce que, de toute manière, tu ne t’en es jamais gênée. Et d’ailleurs, je ne compte plus le nombre de fois où tu m’as faite pleurer et où tu m’as blessée. 

Je plante mes yeux dans les siens et, en fronçant les sourcils, continue avec le ton sans équivoque : 
– Mais, je t’interdis de t’en prendre aux gens que j’aime. Avec une personne comme toi, on ne peut pas être heureux. Alors je plains la prochaine. Et j’espère sincèrement qu’il n’y en aura pas d’autres.  

Et pendant que Maxine accuse le coup, je montre du doigt l’entrée et finis : 
– Alors, maintenant, tu vas virer ta carcasse de sale garce sans cœur de ce café et nous laisser tranquille, une bonne fois pour toute. 

J’attends que la porte se referme sur elle avant de me concentrer de nouveau sur Agnès. Elle semble reconnaissante et admirative. 
– Merci… 
– Avec plaisir. 
– D’habitude, tu es si tétanisée que c’est moi qui prends ta défense… 
– Il était temps que je te rende la pareille. 

Nous buvons de nouveau avant qu’Agnès reprenne, en fronçant les sourcils : 
– J’espère qu’elle ne va pas se venger sur les réseaux sociaux… 
– Si elle s’abaisse à ça alors on va gérer ensemble, comme toujours, dis-je. 

Cappu s’était rallongée et posait de nouveau sa tête sur mon pied en poussant un nouveau soupir. Je vois ma meilleure amie qui perd son regard dans le café. Elle semble jauger les réactions des autres clients. Quand elle distingue que personne ne s’intéresse vraiment à nous, elle se détend un peu. Je dis : 
– Ce n’est pas la première fois que tu te prends ce genre de remarques, pas vrai ? 

Agnès garde le silence et je prends ça pour une réponse. Je pousse un soupir avant de grommeler : 
– Vraiment, je ne comprends pas les gens… Qu’est-ce que ça peut leur faire ? 
– Je n’ai pas de réponse à te donner Lil’… Peut-être qu’ils ne comprennent pas et se permettent de juger pour ça. 
– Mais quand bien même. 
– C’est la société qui donne une image biaisée de la sexualité et des relations de couple. À vouloir instaurer une normalité, elle oublie tous les autres. 
– Bah justement, m’énervè-je, elle devrait peut-être nous foutre la paix. 

Je croise les jambes et m’adosse à ma chaise… et je continue de grogner : 
– Non mais franchement, j’en ai vraiment marre de ces dictas à la con. On est libre de faire ce que l’on veut, avec qui l’on veut, tant qu’on ne blesse personne. Alors foutez nous la paix, une bonne fois pour toutes ! 

Je vois Agnès pouffer avant d’éclater de rire. J’esquisse un sourire. Et quand elle reprend son sérieux, c’est pour me dire : 
– Vraiment… Tu es unique… 
– Merci, Nini’. 
– Et tu sais, je suis fière de toi. 

Cette fois-ci, je demande, étonnée : 
– Ah bon ? Pourquoi ? 
– Parce que tu as rabattu le caquet à LA connasse. Et en plus tu l’as fait avec classe. 

Je souris encore pendant qu’elle ajoute : 
– Non mais tu te rends compte que tu ne t’es même pas lever de ta chaise et elle est sortie du café complètement hébétée ? Sérieusement, c’était un vrai régal ! 

Cette fois-ci, j’éclate doucement de rire à mon tour. 
– J’avoue que j’ai fait fort… 
– C’est la première fois que tu lui as tenu tête. Et c’est pour moi que tu l’as fait. Alors ça m’émeut. 
– Parce qu’à chaque fois, c’était moi qu’elle attaquait. Alors je n’avais personne à protéger. 

Je passe ma main par-dessus la table et lui attrape la sienne. 
– Je ne fais que rendre ce qu’on me donne. 

Et pendant qu’elle me sourit, les larmes perlant les coins de ses yeux, j’ajoute : 
– Et toi… toi, tu ne m’as toujours donné que de l’amour. 

Alors personne n’a le droit de te faire du mal.



Voilà, Ami Lecteur, j’espère que cet épisode t’a plu !

Voici également le petit lien vers le blog de ma meilleure amie, également blogueuse (que tu connais peut-être puisque c’est Novaish) qui a également écrit une fiction. Évidemment, si ça t’intéresse, bien-sûr ! Clique ici.

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Sinon, on commence de nouvelles habitudes en se retrouvant ici dans un mois pour l’épisode 9 !

Sur ce, à la prochaine, Ami lecteur, et bien le bonsoir !

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