[Des histoires] -Si j’étais quelqu’un d’autre- #15 (S1E15)

Aujourd’hui, on finit la saison 1 de mon histoire ! Voici donc l‘épisode 15 de Si j’étais quelqu’un d’autre. Et comme d’habitude, j’espère qu’il te plaira !

J’ai également posté le quatorzième épisode il y a trois semaines. Si tu ne l’as pas lu, je t’invite chaleureusement à cliquer sur le lien pour aller le découvrir : ici



Épisode 15 : Quand le ciel nous tombe sur la tête.

Je me réveille ce matin de bonne humeur.

La veille, nous nous sommes expliqués avec Ludo et cette discussion m’a fait du bien et m’a rassurée. Exceptionnellement, mon amoureux est déjà debout et je l’entends jouer sur l’ordinateur dans le salon. Sans doute qu’il s’amuse avec Baudouin.

Comme c’est dimanche, je ressens le besoin de prendre mon temps au lit et me retourne pour attraper mon téléphone et lancer des vidéos sur YouTube.

En me retournant, j’ai une sensation bizarre dans mes jambes. Elles me semblent vraiment lourdes. Je préfère ne pas écouter mon angoisse et ma peur en n’y faisant pas attention et me concentre sur autre chose. Ce n’est qu’une heure plus tard, après avoir déposé mon portable sur la table de chevet, que je décide de me relever.

Je pose donc mes pieds par terre et même si les sensations sont toujours autant bizarres et que je ressens des fourmis dans toutes mes articulations, je me dis que ça finira par passer en marchant. Je me lève avec difficultés car mes jambes pèsent des tonnes et sans que je ne puisse faire quoi que ce soit d’autre, je m’écroule par terre en un fracas de tous les diables.

La face contre le sol, je me relève en pompe et me bats avec mes jambes qui refusent de fonctionner. Je ne les sens plus. Avec maintes efforts, je parviens à m’assoir et une bouffée d’angoisse monte en moi lorsque je me rends compte que je suis par terre et que je ne sens plus rien à partir du bas ventre.

« Qu’est-ce qu’il se passe, bon-sang ?! »

Alors mon premier réflexe est d’appeler au secours. Je crie à travers l’appartement :
-LUDO !!!

Il n’entend pas tout de suite alors je hurle de nouveau à m’en faire une extinction de voix :
-LUDOVIC !!!

Cette fois-ci, je l’entends dire à Baudouin que je l’appelle et qu’il va voir. Alors je crie :
-Dépêche-toi !!!

Je suis au bord des larmes. J’ai peur car je ne comprends pas. Tous les moments où mes mains me posaient problème mais où tout revenait plus ou moins rapidement à la normal… Tous ces moments où j’étais fatiguée, et maintenant « ça ». Je vois mon amoureux débouler dans la chambre et froncer les sourcils en me voyant.
-Qu’est-ce que tu as ? me demande-t-il enfin en s’approchant de moi.

Malgré mes sanglots, j’arrive tout de même à articuler :
-Je ne sens plus mes jambes.
-Attends, calme-toi, je n’ai rien compris. Qu’est-ce que t’as dit ?

Cette fois-ci, je perds patience et je crie à nouveau :
-JE NE SENS PLUS MES JAMBES !

Ludovic aurait pu croire que je me moquais de lui. Mais je pense qu’en vue de la manière dont j’étais prostrée et les larmes qui ruisselaient tout le long de mes deux joues, il me prend au sérieux tout de suite. Il avance rapidement mais avec douceur. Il essuit mes yeux puis dit :
-Chut, tout va bien se passer. Je vais t’emmener aux urgences.
-Et… comment tu vas… faire ?
-Je vais te porter.

Il m’aide à me remettre correctement. Puis il passe son premier bras dans mon dos et son deuxième sous mes genoux. Je mets le mien dans son cou.
-T’es prête ? Un… deux… trois.

Il me soulève avec force et m’emmène dans le salon. Il retourne dans la chambre pendant quelques minutes puis revient habillé ; un de mes joggings et un de mes pulls légers ainsi que des sous-vêtements dans chacune de ses mains.
-Je t’aide ou tu vas t’en sortir ? me demande-t-il alors.

Sans lui répondre et avec difficulté, je retire mon short et mets ma culotte, puis mon pantalon. Pour le haut, c’est plus rapide. J’observais mon amoureux qui courait dans tous les sens pour prendre les papiers de la voiture, attraper mon sac à main, dans lequel il jette mon téléphone qu’il avait ramené de la chambre. Je dis simplement en mettant mes chaussures :
-Tu es d’un calme olympien…

Il me fait alors un sourire et répond simplement :
-Je t’aime.

Puis il ajoute :
-Ça va aller, ou je te porte ?

Il me présente sa main que je saisis puis il m’aide à me remettre debout. Mes jambes me paraissent tellement lourdes que je manque de tomber à la renverse. Ludovic me rattrape et me stabilise.
-Tiens-toi à moi.

Puis il ajoute après avoir fermé la porte :
-C’est parti !


Dans ma blouse bleue d’hôpital, j’attends sur le lit qu’on m’emmène faire une IRM. Quand nous sommes arrivés avec Ludovic, je trainais tellement des pieds qu’il a failli me porter de nouveau plus d’une fois. Je me suis présentée à l’accueil et en vue de mes symptômes, j’ai été étrangement prise rapidement au sérieux.

Ludovic n’a pas eu le droit de m’accompagner. Je me souviendrais toujours de cet instant : les yeux humides, il m’a embrassé sur le front avant de partir en me disant :
-J’suis pas loin. Appelle-moi et je reviens directement.
-D’accord.

Je l’ai regardé passer la porte des urgences le cœur serré. Une fois seule, on m’a emmenée dans une chambre afin de faire des premiers examens. En voyant les têtes que faisaient les médecins, j’ai tout de suite compris que le reste de la journée n’allait pas être fun.
-On va vous faire passer une IRM du cerveau et de la moelle épinière. On va trouver ce que vous avez Madame Marshall. Ne vous inquiétez pas.

J’avoue que cette dernière phrase m’a faite sourire… et rire nerveusement. Comment veulent-ils que je ne m’inquiète pas ? Je ne peux limite même plus marcher, je sens encore des fourmis dans mes jambes qui me semblent de plombs. Et puis, je repense à tout ce qu’il s’est passé dans l’année : mes mains et bras, mon trou de mémoire… maintenant « ça ». Ce n’est absolument pas anodin et je commence à angoisser.

Une autre infirmière m’emmène (ou plutôt elle pousse mon lit) dans la salle de préparation à l’examen que je dois faire. On me demande de retirer mes bijoux. L’idée d’enlever le collier de ma grand-mère me donne envie de pleurer. J’en ai besoin. Mais je sais que je dois m’en séparer le temps de l’examen. Alors à contrecœur, je le place dans mon sac à main que je donne aux personnel soignant près de moi.

Quand on me place dans le tuyaux, j’espère simplement que ça va passer vite. Mais au final, c’est très très long.

« Heureusement que je ne suis pas claustrophobe… »

Lorsque l’IRM est finie, on me ramène dans la salle d’attente des urgences, dans mon lit. Je remets mon collier et attrape mon téléphone dans l’idée d’envoyer un SMS à Ludovic. Histoire de le tenir informer de la suite. Pas de réseaux.

« Et merde… »

Il n’y a pas beaucoup d’intimité dans cette salle. Les différents lits sont cachés grâce à des paravents en tissus. J’entends tout ce que les autres patients ont, ou du moins pourquoi ils sont là. Au final, on est tous logé à la même enseigne dans ce genre d’endroit.

Combien de temps j’attends ? Je ne sais pas. Le temps semblait s’arrêter et tourner au ralentis. Mais en ce moment de l’année, j’ai vu par les fenêtres de la salle des médecins et infirmières, le soleil qui déclinait lentement. J’avais un très mauvais pressentiment. L’intime conviction que ce passage à l’hôpital m’offrirait un « avant » et un « après » et que « l’après » serait plus que difficile.

Une médecin vient me voir. Elle semblait soucieuse et cela ne me permet pas de calmer mon angoisse. Elle dit simplement :
-Madame Marshall, on va vous garder.

À vrai dire, je m’en doutais un peu. La médecin continue :
-Effectivement, l’IRM a démontré une grosse inflammation dans vos jambes ainsi que plusieurs marques dans votre cerveau.

Automatiquement ma gorge se serre. Je parviens à demander en articulant :
-Est-ce que j’ai un cancer ?
-Ah non, pas du tout ! s’exclame alors la médecin. Ce sont des marques comme des lésions mais je peux vous certifier que ce ne sont pas des tumeurs.
-Qu’est-ce que j’ai alors ?
-C’est ce que nous allons chercher et tenter de découvrir.

Elle marque une pause avant de continuer :
-Nous avons trouvé une chambre dans le service neurologique. Mon collègue va vous y emmener.

Avant qu’elle s’en aille, je fais la liste des maladies neurologiques que je connais. Je lui demande alors :
-Vous, vous pensez que j’ai quoi ?
-Je ne peux pas me prononcer, sachez juste qu’on vous fera une ponction lombaire et qu’un Neurologue viendra vous parlez rapidement.

Les larmes me montent aux yeux. Elle me presse doucement le bras et s’en va après m’avoir dit :
-Bon courage, Madame.

Je suis dans un état second lorsque l’infirmier m’emmène (enfin emmène le lit et moi avec) dans la chambre. Nous montons dans l’ascenseur puis dans les étages et je me rends compte que j’ai enfin du réseau. J’envoie un message à Ludovic pour lui expliquer que je vais rester plus longtemps à l’hôpital. Il ne répond pas lorsque je suis transférée du lit des urgences au lit de ma chambre.

Deux infirmières viennent ensuite me voir et m’expliquent que le médecin va venir d’une minute à l’autre et que je peux contacter quelqu’un si je le souhaite. Lorsqu’elles s’en vont, j’appelle Ludovic et il ne lui faut pas trop longtemps avant de me dire qu’il va venir tout de suite après qu’on ait fait la liste des choses dont j’avais besoin.

On toque à « ma » porte lorsque je raccroche. Un homme, pas beaucoup plus de la quarantaine, un regard doux mais l’air grave s’avance dans la pièce. Je me fais la réflexion que ses bouclettes le rendent mignon et j’ai automatiquement confiance en lui. Il me dit :
-Madame Marshall, je m’apprête à vous dire quelque chose de pas très sympa.

Mon cœur s’accélère et j’attends que tout mon monde s’écroule.


Lorsque Ludovic passe la porte de ma chambre, je suis sonnée et dans un état second. Il s’avance dans la pièce et dépose le sac sur un pan de fenêtre puis se tourne vers moi. L’air inquiet, il me demande :
-Alors ?

J’ouvre la bouche pour lui répondre mais tout se bloque dans ma gorge. Et les larmes me montent aux yeux. Je suis sauvée par la porte qui s’ouvre de nouveau sur le Neurologue. En voyant Ludovic, il fronce les sourcils avant de lui demander :
-Bonsoir, Monsieur. Vous êtes le compagnon ?

Ludovic va lui serrer la main en répondant :
-Oui, c’est moi.

Le Neurologue prend quelques secondes avant de lui dire :
-Bon alors, j’ai annoncé quelque chose de pas cool à votre femme.

D’un geste de la main, il invite mon homme à aller s’assoir puis déclare :
-Votre femme a la Sclérose en plaques.

Je vois Ludovic me regarder sans vraiment comprendre, puis tourner son regard de nouveau vers le médecin.
-Mais vous en êtes sûr ? C’est pas autre chose ?
-Non, Monsieur. Cette maladie se diagnostique difficilement. Mais lorsqu’on regarde une IRM et qu’on distingue des indices de dissémination dans le temps et dans l’espace alors il est sans appel.
-C’est-à-dire ? demande alors mon amoureux en fronçant les sourcils.
-Quand il y a plusieurs lésions à différents endroits. De plus, chez votre femme, il y en a une qui est encore à l’œuvre et qui est responsable de la poussée actuelle.

Puis le médecin continue :
-Mais comme je l’ai dit à votre femme, il existe des traitements qui fonctionnent très bien. Une fois remise, elle pourra remarcher.

Je décroche à ce moment et repars dans mon monde. Je baisse les yeux et regarde mes bras, mes mains et je réprime de nouvelles larmes. Mes membres supérieurs me permettent de faire du violon, d’exercer mon art, de le partager, de faire mon travail… si je les perds, que me restera-t-il ? Comment je vais faire ? J’aurais tout perdu. Tout ce qui donne du véritable sens à mon existence.

Toujours en état second, j’entends simplement le Neurologue nous dire qu’il reviendra demain, puis la porte se referme sur nous. Ludovic s’avance alors sans un bruit vers moi. Il déplace le fauteuil près de mon lit, puis s’asseye dessus et me prend la main. Des pouces, il en caresse doucement le dos puis l’embrasse tendrement et, lorsque je tourne la tête pour plonger dans ses yeux, il dit simplement :
-Qu’est-ce qu’on va faire ?

Il n’a pas dit « tu » ni « je ». Il a dit « on ». Comme si nous ne formions qu’un, qu’une seule et même personne, un seul et même être. Il me caresse la joue de sa main libre et je me reconnecte à lui.
-Je suis là. ajoute-t-il.

Et je prends alors conscience que je n’aurais pas tout perdu. Et que même si l’avenir me terrorise à présent, je ne suis plus seule pour l’affronter.

Parce que Ludovic est là, qu’il est mon pied dans la réalité, ma plus grande source d’inspiration, ma joie et mon roc. Bref, qu’il est mon amour… tout simplement.

Et qu’il ne partira pas.



Alors, Ami lecteur, ce dernier épisode de la saison une t’a-t-il plu ? J’espère que oui ! T’attendais-tu à ça pour Lilou ?

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Sinon, la saison 2 est en pleine écriture. J’envisage de la poster courant septembre / octobre après une petite pause cet été. Je te tiendrai au courant probablement sur mes réseaux sociaux.

Sur ce, à la prochaine, Ami lecteur, et bien le bonsoir !

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