La saison 2 de Si j’étais quelqu’un d’autre continue avec l‘épisode 2. J’espère que tu prendras autant de plaisir à le lire que moi j’en ai eu à l’écrire !
J’ai également posté l’épisode 1, que tu peux toujours retrouver ici (si le cœur t’en dit et si tu veux comprendre aussi ce qu’il va se passer dans celui-ci. C’est à tes risques et périls… ).
Sur ce, je te souhaite une bonne découverte, ainsi qu’une bonne lecture !!
Épisode 2 : Retour à la maison.
On passe la porte de l’appartement avec difficulté. Quand on arrive dans le salon, j’aide Lilou à s’installer sur le canapé et je récupère les clefs pour aller fermer la porte. Je décide, une fois mes chaussures enlevées, d’aller m’assoir à côté d’elle.
Un frisson me parcourt quand je repense à la semaine dernière. Le moment où elle m’a appelé à l’aide et où je l’ai découverte par terre à ne pas pouvoir se lever reste gravé dans ma mémoire. Et l’annonce du diagnostic… quelle merde !
Au final, je suis impacté mais pas vraiment parce que ce n’est pas moi qui suis malade. J’allume la télévision et je zappe de manière automatique. Je ne sais pas du tout comment on va faire si elle ne récupère pas sa mobilité. Et comme les grands esprits se rencontrent, elle me dit :
— Je crois qu’il va falloir qu’on déménage.
— Si tu ne récupère pas ce que tu as perdu, tempéré-je.
Lorsque je risque un coup d’œil, je vois ma femme complètement éteinte. Elle, qui a les yeux si pétillants d’habitude, regarde dans le vide sans vraiment se focaliser sur ce qu’il se passe à côté d’elle. Ça me fait de la peine de la voir comme ça. De manière générale, c’est Lilou qui est le soleil, c’est elle qui voit toujours le bon côté des choses. C’est encore elle qui a une vision de la vie, des gens et de ce qui nous entoure qui est merveilleuse.
Dans le fond, je me dis que si elle se retrouve sans pouvoir refaire du violon, je la perdrai totalement. Je mets de côté cette pensée obscure et je me concentre de nouveau sur le présent. Ce qui lui arrive est totalement injuste. Lilou ne méritait pas cela. En fait, personne ne mérite de vivre cela. Certains diront que « c’est des choses qui arrivent » mais qu’ils aillent se faire voir une bonne fois pour toute !
Je lui prends la main et ce geste a pour conséquences de la faire enfin sortir de sa torpeur. Au moins, la cortisone a eu pour effet de stopper les effets de la poussée. Elle remarche un peu, même si c’est encore super malhabile. Mais bon, le Neurologue a dit que c’était normal et que ça irait mieux après la rééducation. D’ailleurs, durant le séjour, une médecin ré-éducatrice est venue la voir et Lilou a été acceptée à l’hôpital de jour du CMPR (je crois que ça se dit comme ça.). Elle commence rapidement en plus : lundi.
Elle plonge dans mes yeux et me sourit. Malgré la tristesse que j’y perçois, il est quand même sincère, délicat et rempli d’amour. Elle finit par murmurer :
— Heureusement que la série des concerts ne commence que dans huit mois…
Puis elle ajoute avec presque de la rancœur :
— Mais bon, ce n’est même pas sûr que je pourrais rejouer avec le niveau que j’avais alors…
— Tu l’as encore ton niveau. m’exclamè-je alors. Bien-sûr que tu vas pouvoir jouer de nouveau, l’inverse est exclu.
— Tu n’en sais rien. On ne connait pas encore bien la maladie.
— Toi, je te connais bien. Et je sais que tu te battras jusqu’au bout.
Je la vois qui lâche ma main et qui prend avec difficulté ses deux jambes, qu’elle emprisonne de ses bras. Elle murmure :
— J’en ai marre de me battre.
— OK, stop ! dis-je alors en me levant.
Puis j’ajoute en lui reprenant la main, pendant qu’elle me regarde étonnée :
— Tu vas aller te prendre une douche et je vais nous préparer un bon repas qu’on mangera devant la télé. Tu te sens capable de rester debout le temps de te laver ?
— Je ne sais pas, me répond-t-elle en s’agrippant à mon bras pour se relever.
— OK, alors avec le marche-pied de la cuisine, ça irait ?
— Disons que ça serait un peu plus judicieux.
On avance dans le salon à sa vitesse. Ça ne me dérange pas de l’aider parce que je me sens utile. Je me dis que dans les prochains mois, elle va avoir besoin d’une présence et de force. Je peux lui procurer ça. Disons que c’est dans mes cordes. Une fois dans la salle de bain, je m’assure qu’elle est bien stabilisée sur ses jambes et je fonce dans la cuisine pour lui ramener le marche-pied. Reconnaissante, elle m’embrasse et je lui laisse de l’intimité en disant :
— Bon, tu m’appelles si tu as besoin !
— D’accord mon cœur, merci.
Je retourne dans le salon et je baisse le son de la télévision dans l’optique d’entendre s’il se passe quelque chose. Mais tout va bien et elle vient me retrouver avec difficulté mais seule, en pyjama. Elle est vraiment trop mignonne. Elle se pelotonne de nouveau contre moi et pousse un soupir avant de me dire :
— Je t’aime, tu sais.
— Moi aussi je t’aime, ma puce.
— Ce n’est pas vraiment la vie que j’espérais t’offrir… murmure-t-elle en se perdant dans la contemplation d’un point dans le mur.
Avec toute la tendresse qu’il m’est possible d’offrir, je lui prends le menton et je tourne sa tête pour qu’elle me regarde. Alors je dis :
— Je n’échangerais ma vie actuelle pour rien au monde. Elle n’est pas facile, surtout en ce moment, mais je la trouve parfaite telle qu’elle est.
— Où tu trouves ces phrases toutes faites ? me demande-t-elle en rigolant doucement.
— De ma tête, quelle question ! Bon c’est vrai aussi que j’adore trouver des citations, ça m’inspire !
— Ceci explique cela.
Je finis par me lever après l’avoir embrassé sur le front et me dirige vers la cuisine en lui demandant :
— Tu veux manger quoi ?
— On a ce qu’il faut pour faire des wraps ?
Ça m’amuse parce que je l’attendais. Je sais qu’elle aime ce plat. N’empêche que j’avais tout prévu du coup.
— Ça marche.
Je sors tout et notre soirée continue comme ça : avec questionnement, discussions pas très sérieuses et beaucoup, beaucoup d’amour.
Je suis dans mon bureau depuis dix minutes. Je recherche certains contrats importants que Steve est allé récupérer la dernière fois auprès d’un client. Être occupé par mon travail me permet de ne pas penser au fait que Lilou est dans le centre de rééducation. Je l’ai déposée ce matin et je reviens la chercher en fin d’après midi, c’est-à-dire dans une heure et demi.
Je me demande si ça va vraiment changer quelque chose qu’elle y aille. A priori, sa maladie possède plusieurs formes et est différente d’une personne à l’autre. Celle de Lilou est une récurrente – rémittente. En théorie, avec de la rééducation, elle est censée pouvoir reprendre les facultés qu’elle a perdues le temps de la poussée.
M’enfin, on sait tous que la théorie ne fait pas tout et que le facteur humain est important aussi. En soufflant doucement, parce que j’ai enfin mis la main sur les documents en question, je m’adosse un peu plus sur ma chaise… et je repense aux réactions de mes collaborateurs quand je leur ai annoncé le diagnostic.
On s’était mis d’accord avec Lilou pour que je le leur dise s’ils me posaient des questions tout en leur précisant qu’ils devaient garder le secret. Mais mes collègues sont de vraies perles pour ça. Oriane était vraiment triste pour elle, tout comme Steve. Lucien était peiné mais au final ça ne l’a pas tellement perturbé. Je ne l’ai pas mal pris pour mon amoureuse puisque je sais comment il fonctionne. Il n’est pas du genre à beaucoup s’ouvrir, ni à réellement s’intéresser aux autres. Il est beaucoup plus à l’aise avec le travail. C’est vraiment son truc à lui.
Oriane me casse vraiment les oreilles tous les jours avec Lilou. Elle me pose constamment des questions pour savoir comment elle va. Dans un sens, c’est super mignon, mais casse-pieds aussi. Je ne compte plus le nombre de fois où j’ai dû la reprendre pour qu’elle fasse son travail. Je déteste vraiment cet aspect-là de mon taf mais je n’ai pas le choix. C’est moi le patron.
Satisfait après la lecture de mes documents (qui sont conformes pour une fois, Steve a bien travaillé), je les range dans ma cassette des contrats à classer et je me lève pour retourner dans l’espace vente. L’horloge indique que j’ai encore une demi-heure avant de partir. Ça me fait grommeler étant donné que j’ai pris un temps fou à retrouver et lire ces fameux contrats et que j’avais une rénovation de table à commencer. Il faut vraiment que je me dépêche maintenant parce que je n’ai pas envie de faire attendre Lilou.
Finalement, les trente minutes passent vite et je me retrouve à faire un aller-retour à mon bureau avec mes affaires sous le bras. Steve s’exclame quand je m’apprête à leur dire « au revoir » en passant la porte :
— À demain, chef ! Fais des bisous à ta chérie pour moi !
— Pour moi aussi ! s’exclame alors Oriane, qui était en train d’encaisser une cliente.
— J’y manquerai pas ! On se voit demain.
Je ne vois pas Lucien. Il doit être perdu dans l’espace stockage sur sa propre rénovation (il est dessus depuis deux jours…). Il ne s’offusquera pas si je pars sans lui avoir souhaité « bonne soirée ». Dans la rue, je fonce pour récupérer ma voiture. Je ne suis tellement pas habitué à venir au travail avec que je n’ai pas trouvé de place près de l’entrée. Je marche aussi vite que possible et bientôt, je retrouve ma 206 verte.
Devant le volant, je pousse un nouveau soupir. Faut vraiment que j’y aille. Je débraye donc et m’engage sur la route pour arriver au centre une demi-heure plus tard.
Lilou m’attend déjà. Assise sur un banc, elle semble dans ses pensées et ces dernières ne doivent pas être bien joyeuses au vu de la tête qu’elle fait. Je me gare devant elle et son regard s’illumine un peu quand elle revient dans l’instant et qu’elle se rend compte que c’est moi. Très hésitante, elle se relève et je sors de la voiture pour venir l’aider si besoin. Doucement et avec un peu moins de difficulté qu’hier, elle s’avance vers moi et je m’apprête à la récupérer à la moindre faiblesse de ses jambes. Mais elle tient bon et s’installe à la place passager en soupirant. Je fais le tour de la voiture et m’assois à côté.
— Alors ? demandé-je en fermant la portière et en empoignant le volant. Ça s’est bien passé ?
— Oui. Ils me gardent en hôpital de jour pendant au moins trois semaines. Peut-être plus en fonction de l’évolution de mon rétablissement.
— Et du coup ça fonctionne comment ?
Du coin de l’œil, parce que je suis concentré sur la route, je la vois regarder par la fenêtre avant de se concentrer de nouveau sur moi et répondre :
— J’ai un planning par semaine et je vais voir le Kiné, l’Ergothérapeute, le Psy…
— Le Psy ?
Elle marque un nouveau silence pendant que je tourne à gauche et que je remonte la rue pour retrouver ma place sur le parking de l’immeuble. Elle finit par dire :
— Oui, parce qu’apparemment, j’ai fait d’autres poussées et le Psy va voir si d’autres choses que la motricité ont été impactées.
— Ah oui, je vois.
Nouveau silence. Pendant que je me gare, elle murmure :
— Ça m’angoisse beaucoup…
En mettant le frein à main, je pose ma main sur sa cuisse que je serre doucement. Je dis :
— Je comprends. Mais je ne peux pas te dire que ça va aller parce que j’en sais foutrement rien. Tout ce que je peux te promettre c’est que quoi qu’il arrive, tu pourras toujours compter sur moi pour t’aider à gérer.
Je la vois, les larmes aux yeux, se gratter le nez, puis elle se plonge dans mon regard et murmure :
— Merci mon cœur.
— Tu te sens d’y aller ?
— Oui, souffle-t-elle.
— Alors, c’est parti !
Quand nous sortons du véhicule, je l’observe discrètement en faisant le tour pour qu’elle prenne mon bras. Ça me fait de la peine de la voir aussi éteinte. Elle n’est que l’ombre d’elle-même et semble avoir un peu dépéri.
Mais ce n’est qu’une impression parce que lorsque je la vois relever la tête et regarder droit devant, je me dis qu’elle est fière… qu’elle peut l’être…
Et qu’elle n’a vraiment rien perdu de sa superbe.
Voili voilou, Ami lecteur, j’espère que ça t’a plu ! As-tu apprécié d’être de retour dans la tête de Ludovic ? À sa place, comment réagirais-tu ?
Le petit lien vers le site de mon amie blogueuse (toujours et encore la même) qui a également écrit une fiction est encore disponible. Évidemment, si ça t’intéresse, bien-sûr ! Clique ici.
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Sinon, on reprend les bonnes vieilles habitudes en se retrouvant ici dans trois semaines pour l’épisode 3 !
Sur ce, à la prochaine, Ami lecteur, et bien le bonsoir !
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