La saison 2 de Si j’étais quelqu’un d’autre avance toujours avec l‘épisode 3. J’espère que tu prendras autant de plaisir à le lire que moi j’en ai eu à l’écrire !
J’ai également posté l’épisode 2, que tu peux toujours retrouver ici (si le cœur t’en dit et si tu veux comprendre aussi l’histoire aussi).
Sur ce, je te souhaite une bonne découverte, ainsi qu’une bonne lecture !!
Épisode 3 : Quand on ne se reconnait plus…
— Je vais bien.
Je suis abonnée à cette phrase depuis que je sais pour ma maladie. De manière générale, je n’aime pas avoir la sensation qu’on me plaint. C’est extrêmement désagréable pour moi alors j’ai pris l’habitude de mentir sur mes réels ressentis pour passer ma journée tranquille. C’est ma mère que j’ai au téléphone. Et même avec elle, je ne fais d’exception. Pourtant, je sens bien qu’elle ne me croit pas.
L’annonce du diagnostic a été un réel choc pour mes parents parce que la sclérose en plaques est une maladie génétique. Sauf que nous avons beau cherché, je suis la seule à l’avoir développée. Quelle chance j’ai eu… Je finis par raccrocher à la fin de notre communication à ma mère et à moi et je pousse un soupir.
Ça fait déjà trois semaines que je passe mes journées au centre de rééducation. Ce qui me rassure en revanche c’est que je remarche de mieux en mieux. Mes jambes sont encore un peu faibles et monter les deux étages est toujours extrêmement compliqué pour moi mais au moins, elles me portent à nouveau de mieux en mieux.
J’ai commencé mon traitement la semaine passée également. J’angoissais pas mal mais au final ça s’est bien déroulé. Quand je me suis piquée pour la première fois, j’ai vraiment pris conscience que j’étais malade et mine de rien, ça m’a fait un choc. Je peux compter sur Ludovic pour m’épauler au mieux. Actuellement c’est lui qui gère quasiment tout dans la maison et ça me soulage qu’il le fasse sans m’en vouloir.
Je me doute que ça doit être compliqué pour lui aussi mais actuellement, je ne pense qu’à mon propre mal-être. Je suis devenue en l’espace de trois semaines ma nouvelle priorité et en fait, ça fait du bien.
Je repense à notre discussion avec ma mère. Je lui ai dit que j’allais bien pour ne pas qu’elle s’inquiète de trop. Pour autant, force est de constater que je ne vais pas si bien que ça. Je suis triste la plupart du temps… et en colère aussi. Un profond sentiment d’injustice m’enserre quand je regarde mes jambes.
« Ai-je un corps si faible que ça ? »
En cette fin d’après-midi de vendredi, je sais que mon homme ne va pas tarder à rentrer. Je suis revenue à la maison à midi et demi et je me suis affalée sur le canapé en mangeant mon repas devant la télévision. Ce ne sont que des demi-journées que je fais au centre de rééducation. Je peux donc me reposer le reste du temps.
Depuis mon retour de l’hôpital, je n’ai pas retouché à mon violon. Je ne sais pas pourquoi mais j’ai un puissant blocage. Pourtant, ce ne sont pas mes bras qui m’ont réellement posé problème. Mais rien n’y fait, mon violon est dans mon studio et je n’ai pas rejoué. Mais j’ai une mélodie dans la tête alors je vais au moins chercher du papier à musique. Quand je reviens sur le canapé et que je relève la petite table, mes mains tremblent d’appréhension. Avec l’Ergothérapeute je me suis rendue compte que je n’avais pas tant perdu que ça. Mais pour autant, l’angoisse est encore présente.
Je souffle pour me calmer puis je prends mon stylo et je commence à noter les symboles. En vrai, le solfège m’a plutôt bien aidé. D’ailleurs heureusement que j’ai suivi ces cours. Par automatisme, je vais chercher mon violon pour voir ce que donne la mélodie que j’ai retransmis sur ma feuille. Quand je me rassois sur le canapé, mon cœur commence à s’emballer. Et de la sueur commence à couler le long de mon échine. Visiblement, je ne suis pas encore totalement prête. Alors, avec tristesse, je retourne dans mon studio pour déposer mon instrument de musique sur son support et je pousse un soupir en sortant de la pièce.
Visiblement sans savoir quoi faire, je me rassois sur le canapé qui semble être mon meilleur ami depuis quelques temps. Et je laisse mes pensées noires prendre le dessus sur moi.
Si je suis incapable de refaire du violon, qu’est-ce que je vais bien pouvoir faire de ma vie ? Mon instrument, mes CD, c’est toute mon existence. Tout ce pour quoi je suis douée. C’est tout ce qui à un sens pour moi. Si je n’ai même plus ça alors je n’aurais qu’à me laisser dépérir… et cette pensée me fait peur, profondément et immanquablement peur.
Avec un peu de difficulté, parce que je suis fatiguée, je me relève et me dirige dans la salle de bain pour prendre ma douche. Quand mes yeux se posent sur mon reflet dans la salle de bain, je finis par me dégouter. Ce corps si imparfait, si abimé… pourquoi il a décidé de me faire ça à moi ?
Prise de sanglots, je m’affale par terre et les larmes coulent doucement. Sans essuyer mes joues, je les laisse sortir de moi. On m’a toujours dit que ça faisait du bien : de faire sortir toutes les larmes du cœur pour laisser des sourires à la place. Mais je pleure tellement que je ne vois pas vraiment comment ils vont pouvoir venir. Mes fesses nues sur le carrelage finissent par me faire grelotter. Sans m’arrêter de pleurer, je me relève avec peine.
Combien de temps ce sentiment de désespoir va encore m’enserrer ? Et combien de temps je vais encore m’apitoyer sur mon sort comme ça ? Il existe des situations tellement plus dures que la mienne. Je claudique péniblement jusqu’à la douche. Et quand je fais couler l’eau et qu’elle devient chaude, je me jette littéralement dessous.
Au moins, mes larmes seront invisibles comme ça.
— Ma puce, t’es là ?
Je commençais à me savonner lorsque j’entends Ludo m’appeler. Je cris que je suis dans la salle de bain et je m’essuie comme je peux les joues avant de me rappeler que c’est débile étant donné que l’eau a complètement ruisselé sur mon visage. Ludovic débarque dans la pièce et s’exclame en fronçant les sourcils :
— Mais attends, t’as pas lavé tes cheveux hier ?
Mince, il fait vraiment attention à tout me concernant. Je réponds aussi rapidement que possible :
— Si, mais je me suis rendue compte que je ne les avais pas bien rincé alors je les rince de nouveau aujourd’hui.
Il n’est pas dupe, mais il n’insiste pas. Il dit simplement :
— Alors, ta journée ? Ça s’est bien passé ce matin ?
Je continue de me savonner l’air de rien et je réponds de nouveau :
— Ça va. Ma marche s’est encore améliorée.
Malgré la buée sur la vitre de la douche, je le vois s’assoir par terre près de la porte qui est grande ouverte.
— Super ! dit-il, presque enjoué.
— Et la tienne ?
— Pas mal. Je vais peut-être aller en brocante dimanche prochain.
— Pour essayer d’étoffer ton stock ?
— Ouaip.
— D’accord, je n’irai pas avec toi.
J’éteins l’eau presque à contrecœur et je claudique de nouveau pour prendre ma serviette et m’essuyer pendant qu’il me dit :
— Je m’en doutais ma puce et ce n’est pas grave. J’essayerai juste de ne pas rentrer tard.
— Tu peux prendre ton temps aussi, je vais me faire une matinée film.
Je chancelle en sortant complètement du bac à douche et je distingue Ludo prêt à se lever d’un bond mais je me retiens au lavabo et je le vois se détendre d’un coup. Nous sortons ensuite tous les deux de la salle de bain, une fois mon pyjama enfilé.
Au fond de moi, je dois taire mon mal-être qui prend de plus en plus de place. La boule dans la gorge me la serre de plus en plus et je dois me faire violence pour ne pas étouffer. Je suis Ludovic dans la cuisine et m’installe sur un tabouret à côté du plan de travail sur lequel on mange de temps en temps. Pendant que mon homme me raconte sa journée en détails, je n’écoute pas vraiment. Mes yeux sont baissés et regardent mes jambes.
J’ai envie de les frapper. J’ai envie de leur faire du mal… de me faire du mal. Comme si j’étais moi et que mon corps était une personne… une personne que je hais en plus. Une personne qui m’a blessée encore et encore et que cette fois-ci était la fois de trop. Je serre mes poings très fort et je relève les yeux lorsque j’entends Ludo me dire :
— Lou’ ? Tu es partie où, là ?
— Je ne sais pas… m’étranglè-je.
Puis j’ajoute, penaude :
— Excuse-moi, mon cœur… Tu me disais quoi ?
— Je voulais simplement savoir ce que tu voulais regarder ce soir ?
— Je ne sais pas du tout… je préfèrerai une série, si ça ne t’ennuie pas.
— Personnellement, je m’en fiche tant que je suis avec toi.
Je souris sincèrement cette fois-ci. Je ressens un sentiment très étrange. Je suis à la fois extrêmement malheureuse, et en même temps, je suis remplie d’amour et de reconnaissance que Ludovic soit rentré dans ma vie.
Quand je le vois poser le couteau près de la planche à découper, il me prend une envie subite de le saisir et de me trancher les cuisses avec… de me faire saigner. Et cette pensée me fait peur. Sans un mot, et pendant que Ludovic se dirige vers le réfrigérateur pour prendre d’autres ingrédients pour le repas, je me lève et me dirige doucement vers la chambre.
En fermant la porte, le poids que je ressens de plus en plus me tombe dessus. Je titube vers le lit et m’écroule en m’asseyant dessus. Mes mains commencent à trembler de tristesse et d’angoisse. Je serre de nouveau mes poings pendant que mes yeux me brûlent. Si je saute pas la fenêtre, est-ce que ça me tuera ou non ?
Je respire de moins en moins bien. J’allaite de plus en plus pendant que mon cœur s’emballe. J’ai tellement mal, je me sens complètement déconnectée, tellement ailleurs, tellement différente. Je ne me reconnais plus.
C’est quand j’entends mon homme m’appeler que mon cerveau se connecte de nouveau. Sérieusement, je pensais à quoi encore ? Je n’ai pas le droit de lui faire du mal. Je n’ai pas le droit de l’abandonner.
Une fois calmée, je me lève et me dirige vers la porte. Avant de l’ouvrir pour aller retrouver mon amoureux je tourne la tête vers la fenêtre. Peut-être un jour… ou jamais…
Mais en tout cas, pas ce soir.
Voili voilou, Ami lecteur, j’espère que ça t’a plu ! C’est compliqué pour Lilou en ce moment… Qu’en penses-tu ? As-tu déjà ressenti ce qu’elle ressent ? Moi oui. Mais comme elle, je suis encore là.
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Sinon, on reprend les bonnes vieilles habitudes en se retrouvant ici dans trois semaines pour l’épisode 4 !
Sur ce, à la prochaine, Ami lecteur, et bien le bonsoir !
Caractère de Pêche